Les fulgurances de la domotique se fraient petit à petit un chemin dans nos foyers. La technologie s’invite à la maison, et les appareils emblématiques du 20e siècle déguerpissent les uns après les autres. Notre comparatif enceinte multiroom fait maison va tenter de répondre aux questions que vous vous posez.
Après le magnétoscope, les téléviseurs cathodiques et les ventilateurs, c’est au tour de la chaîne Hi-Fi de plier bagage pour laisser place à des solutions plus pratiques, plus intuitives et surtout mieux équipées pour répondre aux besoins des mélomanes de l’époque. Diffuser du son dans la maison de demain… C’est le défi qu’a relevé haut la main Sonos, ex-jeune pousse américaine qui a lancé en grandes pompes le système audio multiroom sans-fil et connecté. S’il a longtemps été boudé par le grand public au cours des années 2000, le concept fait des émules depuis quelques années, et pas seulement auprès des jeunes ! Il faut dire que la solution multiroom répond à une batterie de problématiques inhérentes à la musique domestique, que la chaîne Hi-Fi ou l’enceinte Bluetooth peinent à résoudre :
- Comment installer des ambiances musicales (identiques ou différentes) dans les pièces de la maison ?
- Comment piloter le volume et les pistes musicales à distance ?
- Comment booster l’expérience audio en transformant sa maison en une enceinte géante sans aucun compromis sur la qualité audio ?
Philips Izzy BM50B
Comparatif Enceinte Multiroom: Le test
Si vous parcourrez ce billet, c’est que vous n’êtes pas insensible aux joies du multiroom. Et si elles ont longtemps été l’apanage des geeks mélomanes fortunés, les enceintes multiroom se sont nettement démocratisées et deviennent de plus en plus accessibles. Pionnier en la matière et en situation de quasi-monopole il y a quelques années, Sonos se voit désormais violemment concurrencé par les mastodontes de l’audio et de l’électronique comme Bose, Panasonic, Denon, Philips, Sony, Cabasse, LG ou encore Samsung… Pour vous épargner les tergiversations techniques et vous aider à éviter le hors-piste, nous vous proposons aujourd’hui un tour d’horizon pour passer en revue les différents critères à prendre en compte pour faire le bon choix. Au menu : explicitation du multiroom audio et de son mode de fonctionnement, énumération des principaux critères à prendre en compte lors de l’achat et aperçu du marché, des marques et des prix moyens. On conclura sur les limites du système multiroom. C’est parti pour ce comparatif enceinte multiroom !
Qu’est-ce que le multiroom audio ? En quoi est-il différent des enceintes Bluetooth ?

Bose Soundtouch 10
Commençons tout d’abord ce comparatif enceinte multiroom par une explication du produit. Le multiroom audio fait partie de cette longue lignée d’anglicismes à la mode qui pullulent dans la sphère high tech francophone. Comme son nom l’indique, le multiroom fait référence à un système audio qui distribue la musique dans différentes pièces de la maison avec la possibilité de lancer des pistes différentes selon la chambre, de contrôler le volume de manière indépendante ou encore de synchroniser la diffusion dans toutes les pièces à partir d’une source qui pourra être un smartphone, un ordinateur, une tablette tactile, un lecteur mp3, etc. Cette source se connecte à une console centrale qui joue les chefs d’orchestre et qui permet en fonction des modèles de diffuser la musique stockée en local ou en streaming audio à partir de plateformes comme Deezer, Spotify, Fnac Jukebox, Tune in, etc.
Alors bien sûr, on pourrait légitimement arguer que des enceintes Bluetooth distribuées dans les différentes pièces de la maison pourraient faire l’affaire. Ce n’est qu’à moitié vrai, et je vais vous expliquer pourquoi :
- Le prix : l’option des multiples enceintes Bluetooth est onéreuse. Attention, les systèmes audio multiroom ne sont pas plus accessibles, mais ils ont cette particularité d’être évolutifs. Vous pourrez donc très bien constituer votre arsenal musical progressivement en commençant par une ou deux enceintes que vous compléterez au gré de vos besoins et de votre budget. Nous évoquerons les prix moyens plus bas dans cet article ;
- La qualité sonore : l’immense majorité des enceintes multiroom disponibles sur le marché reposent sur le protocole wifi, drastiquement moins destructeur pour la qualité du signal, contrairement au Bluetooth qui est souvent pointé du doigt par les puristes. Certains fabricants proposent la liaison à travers des boitiers CPL, une connexion par câble mini-jack ou encore par Ethernet. Toutes ces options restituent plus fidèlement le son comparativement au Bluetooth ;
- L’intuitivité : le multiroom est géré par une seule application qui permet une gestion centralisée de l’ensemble des enceintes disposées dans la maison. Vous pourrez baisser le son de la chambre à coucher, changer la piste audio de la cuisine ou encore éteindre l’enceinte du salon par un clic. Au-delà de la musique, cette fonction vous permettra d’installer des ambiances propres à chaque pièce (brise marine à la salle de bain, musique relaxante dans la chambre à coucher…). Dans un contexte professionnel comme un salon de massage à salles multiples, une console centrale permettra d’adapter le lancement de la musique selon les arrivées et les départs ;
- L’adaptabilité : les fabricants proposent depuis 2013 des enceintes dédiées à des pièces précises en fonction de la superficie. Un salon de 35 m² ne présente pas les mêmes caractéristiques acoustiques qu’une chambre de 12 m² ou qu’une salle d’eau où la réverbération est omniprésente. Ainsi, en disposant les bonnes enceintes dans les bonnes pièces, vous boostez considérablement l’expérience audio qui devient immersive et optimale.
Il est donc évident que les deux technologies répondent à des besoins différents, le multiroom étant une sorte d’upgrade des enceintes Bluetooth auxquelles nous avons consacré un dossier spécial « comparatif enceintes Bluetooth » complémentaire au comparatif enceinte multiroom .
Quels sont les critères à prendre en compte pour faire le bon choix ?

Sonos Play 5
Ils sont certes évolutifs, mais les systèmes multiroom n’en restent pas moins des systèmes fermés, dans la mesure où si vous entamez votre assemblage par une enceinte d’une certaine marque, il faudra se plier à celle-ci pour vos achats à venir. Si vous comptez étaler vos dépenses dans le temps, inutile d’opter pour un modèle trop cher qui vous découragera de compléter votre collection par la suite. Notons toutefois que cette contrainte est aujourd’hui remise en cause par certains fabricants qui ont adopté la technologie Airplay d’Apple. Cette dernière permet en effet de « mixer » différentes marques d’enceintes sans craindre les problèmes de compatibilité ou de latence.
N’oublions pas que le multiroom en est encore à ses débuts et à ce titre, le pire côtoie souvent le meilleur sur le marché à des prix relativement élevés. Il faudra ainsi compter près de 200 € pour un modèle d’entrée de gamme à enceinte unique et à faible puissance. A ce prix, il faudra se montrer exigeant sur la qualité sonore, la facilité d’installation et l’intuitivité de l’application. Enchaînons donc sans plus tarder avec les principaux critères à prendre en compte pour faire l’acquisition d’un bon système multiroom.
#1 La qualité sonore : le nerf de la guerre
Même si le Wifi et les autres protocoles altèrent moins de le signal audio, il faudra ériger la qualité sonore au rang de critère décisif et y prêter une attention particulière. En effet, certains modèles réussissent l’exploit de proposer un son de qualité inférieure à celui produit par une enceinte Bluetooth, même via Wifi. Comme pour tout système audio, tester en priorité les basses. Elles ne doivent pas « ronfler » ou manquer de peps, à fortiori lorsque l’on sait que l’enceinte ne sera pas forcément disposée dans la pièce que vous occupez. La Bose SoundTouch 10 et la petite Sonos Play 1 ont fait leurs preuves à ce niveau mais deviendront vite insuffisantes pour les grands espaces. Après les basses, portez-vous sur le degré d’altération du son lorsque vous poussez le potard du volume au-dessus du volume médian. Le parasitage ne doit en principe devenir dérangeant qu’aux décibels maximaux. Si vous souhaitez diffuser de la musique sur plus de 120 m², préférez la SoundTouch 20 ou la Sonos Play 5, plus puissantes et pensées pour les grands espaces.
#2 La simplicité d’installation : ça progresse mais des efforts restent encore à faire
On est loin de la complexité des premiers systèmes multiroom inventés par Sonos. Il y a deux ans encore, l’installation des différentes enceintes relevaient du parcours du combattant. Aujourd’hui, même si l’installation de la première enceinte et de la console centrale n’est pas franchement une partie de plaisir, l’ajout des enceintes suivantes se fait de manière très intuitive, en moins de 5 minutes. Il faut savoir que certaines installations nécessitent d’interrompre le réseau Wifi pendant la procédure d’installation. Rien d’alarmant, mais avouez que ce n’est pas très pratique. En définitive, il n’y a pas de raisons de craindre l’étape de l’installation pour peu que vous restiez dans les valeurs sûres. La Philips « Izzy » BM50B est sans doute la plus facile à installer : un simple bouton permet de synchroniser toutes les enceintes.
#3 L’ergonomie de l’application : un léger mieux

Sonos Play 1
Les appareils audio multiroom du marché fonctionnent dans leur grande majorité avec les smartphones et les tablettes tactiles sous Android ou IOS, mais aussi avec les PC ou MAC à partir des bibliothèques Windows Media ou iTunes. Le critère de l’application qui pilote le système multiroom est sans doute celui qui dispose encore de la plus grande marge de progression. En effet, la fiabilité reste encore discutable même chez les meilleurs. Il faudra s’attendre à de brèves interruptions du flux audio, à des déconnexions intempestives du réseau voire au plantage de l’application. Heureusement, ces contretemps ne sont pas fréquents et ne viendront pas (trop) entraver votre expérience audio. Les options de création de playlists, d’ajustement de l’égalisateur et de déclenchement individualisé ou groupé des enceintes restent impeccables sur les principales enceintes du marché. La dernière génération des enceintes de Bose et de Sonos intègre les services de musique en ligne et de webradio directement sur l’application. Vous pourrez donc écouter de la musique en streaming sans sortir du programme.
#4 Les bonus : NFC, Bluetooth et Mini-Jack
Si la grande majorité des enceintes reposent sur le protocole Wifi, d’autres proposent également une liaison directe par Bluetooth. L’intérêt ici est de permettre par exemple à vos invitées de lancer leurs musiques depuis leurs smartphones sans disposer de la clé du réseau. D’autres fabricants comme Cabasse intègrent le protocole de communication en champ proche (CCP) plus connu sous son sigle anglophone NFC qui permet de piloter l’enceinte en y approchant son téléphone ou sa tablette. Les principales enceintes disposent d’une prise jack pour connecter un lecteur externe, à l’exception de la Sonos Play 1.
Tour d’horizon du marché : les marques et les prix
Avant de finir ce comparatif enceinte multiroom, faisons un tour d’horizon du marche. Il y a quelques années, les systèmes multiroom n’étaient disponibles qu’à l’import. Aujourd’hui, Boulanger, Darty et la FNAC proposent les enceintes les plus en vue, parfois sur commande. Les principales marques sont Bose, Philips, Panasonic, Denon, LG et Samsung, avec bien sûr Sonos qui reste la marque pionnière en la matière. Pour ce qui est des prix, il faudra compter entre 190 et 230 € pour les enceintes de petite taille (Bose SoundTouch 10 ou Sonos Play 1) et entre 400 et 580 € pour une enceinte plus imposante. Naturellement, il faudra multiplier ces prix par le nombre d’enceintes que vous souhaitez acquérir.
Les principales limites du multiroom
Concluons maintenant notre comparatif enceinte multiroom. C’est indéniable, l’offre a gagné en performance sonore, en intuitivité et en fiabilité. Même les prix ont baissé pour s’établir à des valeurs plus acceptables comparativement à il y a deux ans. Toutefois, les fabricants peinent encore à relever certains challenges principalement techniques :
- L’installation n’est pas toujours un long fleuve tranquille, même si elle devient de moins en moins laborieuse ;
- Les enceintes dépendent de la qualité du signal Wifi. Elles sont inutilisables en cas de panne du routeur par exemple, et leur portée peut s’avérer insuffisante dans les grands espaces ou dans les maisons qui disposent de murs trop épais ;
- Le prix reste élevé même s’il y a un léger mieux à ce niveau avec l’arrivée de nouveaux entrants.